Camus
disait que l’ambition était un terme flatteur pour désigner la cupidité.
Je crois
profondément à cette idée.
Nous nous
interrogeons tous sur des thèmes ambitieux tels que trouver le sens de la vie,
comment être heureux.
Nous sommes
très loin, pour la plupart d’entre nous, d’être dans des conditions nous
permettant de réfléchir sereinement, objectivement à cette idée.
La
première étape serait selon moi de se rappeler que les choses n’ont que
l’importance que l’on veut bien leur donner.
La
deuxième serait donc de comprendre que rien n’est sacré.
Notre
monde, tel que nous le connaissons, tel qu’il est organisé, avec les valeurs
que nous croyons être les nôtres est une création purement humaine.
Notre
organisation sociétale, notre système d’échange, nos frontières, langues,
cultures, religions –et par conséquent toutes les différences que ces aspects
mettent en relief entre les peuples- ne sont que le résultat de l’histoire, des
décisions d’une poignée d’hommes qui ont pu un temps en dominer d’autres. On
dit d’ailleurs que l’histoire n’est que le récit des vainqueurs.
Et
aujourd’hui, notre vie telle que nous la concevons, telle qu’elle devrait se dérouler est pourtant
totalement artificielle.
Tu nais,
vas à l’école, fais les études les plus longues possibles pour avoir un bon
job. Tu fais un plan de carrière, tu
dois avoir de l’ambition – c’est quelque chose que tu devrais ressentir
« naturellement » - t’offre des loisirs pour ne pas avoir
l’impression de vider ta vie de son sens, achète, achète encore, deviens
propriétaire du maximum de biens possibles, d’une maison, d’un bout de planète
(quel droit crois tu avoir vraiment sur ça ?), tu payes tes impôts, pars
en retraite, profite un peu (en espérant que ta santé à cet âge te le permette
encore) et meurs.
E tout le
monde se dit, bah oui c’est ça la vie !
Je ne
peux pas nier que j’accepte – mais dans une certaine mesure seulement- cette
vision des choses.
Il est
vrai que le système est organisé ainsi, que tout le monde ou presque y adhère
et j’ai compris depuis bien longtemps que je n’y changerai rien. Et le sang qui
alimente le système est l’argent. Et que si je veux vivre – dans le sens où
l’entend ce système – je dois subir les transfusions de ce sang
Car une
chose reste par ailleurs vrai, la vie
-au sens physique, humain du terme- est courte et fragile et j’avoue
avoir la faiblesse de vouloir, au cours de cette courte vie, manger à ma faim,
dormir dans un lit au chaud avec un toit sur la tête plutôt que dans la rue.
Mais cela
ne veut pas dire tout accepter.
Etre le
plus riche du cimetière ne m’intéresse pas, travailler 12 heures par jour pour
une société qui n’hésitera pas, à l’image du système tout entier lui-même, à te
broyer le jour où on estimera ne plus avoir besoin de toi ne m’intéresse pas.
Car au
final, malgré tous les efforts déployés pour se fondre dans ce système, pour
répondre à ses exigences, il ne pourrait très bien te rester qu’une seule
chose, toi-même.
A toi de
savoir ce que tu auras voulu « accomplir » d’ici là.
Je pense
que peu de personne le savent vraiment et je parle vraiment de savoir ce
que l’on veut et non pas faire les choses qu’on pense devoir faire ou les
choses que l’on croit attendre de nous parce que c’est le système qui veut ça
(naissance, étude, job, carrière…..)
Etre un
requin parce que les autres le sont et simplement pour pouvoir dire fièrement
que je ne veux pas être en reste ne m’intéresse pas.
Je chie
sur ce système où un homme qui tire profit d’un autre est un malin, un
« renard », et ou celui qui fait confiance à son semblable est un pigeon.
Depuis quand faire confiance est-il devenu une faiblesse ?
On me dit
alors que je vais me faire rouler. Et bien tant pis. C’est une de mes limites à
mon acceptation de ce système.
Moi je
roule tous les jours ceux qui en costard-cravate se rendent au travail, se
prenant pour des golden boy, qui alimentent ce système dont je peux pour ma
part choisir de n’en tirer que ce qui m’intéresse et qui me permet de rester
moi même quand les autres doivent jouer leur rôle, qu’ils se sont eux-mêmes
attribué, pour que le système ne s’enraye pas, un système dont seuls
quelques-uns tirent réellement tous les profits. Tous les autres ne sont là que
pour son fonctionnement courant.
Il ne
s’agit pas de jouer les hypocrites. J’ai bien conscience que les choses se
passent ainsi. Il faut faire avec comme on dit. Mais rien n’empêche de prendre
du recul vis-à-vis de la valeur réel de ce système car encore une fois les
choses n’ont que l’importance que l’on veut bien leur donner.
Tout le
monde s’accorde pour dire que l’argent ne fait pas le bonheur mais combien y
croit vraiment ? Combien pense à cette phrase au moins une fois par jour,
par semaine… ?
Et il y
aura toujours un « malin » pour ajouter « mais il y
contribue ». Et bien ce malin est un crétin qui n’a rien compris. La phrase
est claire pourtant !
Alors on
va me dire que c’est seulement pour expliquer que cela vient en complément des autres
bonnes choses de la vie, etc…
Et bien
c’est une erreur car cet ajout est déjà le début de la fin d’une perception
correcte de ce qu’est le bonheur.
Car c’est
ce qui fait que l’argent est aujourd’hui la valeur universelle, l’étalon
mesurant toutes choses ici-bas, de la valeur d’un bout de cette planète sur laquelle
on s’octroie des droits et qu’on détruit petit à petit pour cette même valeur
jusqu’à la vie humaine qu’on exploite toujours pour cette valeur.
Je chie
sur une société capable de faire entrer dans son vocabulaire une abomination
telle que « gagner sa vie ». Il n’y a rien à gagner et surtout pas la
vie que tu as déjà.
Car dans
le fond, nous sommes tous les locataires, de notre vie, de notre corps, de nos
possessions, de notre statut social. Tout ça s’arrêtera un jour pour chacun de
nous et quelqu’un d’autre prendra notre place.
Alors on
va me dire que cette expression c’est « une façon de parler » car cela veut
simplement dire subvenir à ces besoins. Ok, très bien, alors dites je subviens
à mes besoin et non pas je gagne ma vie.
Croyez-moi,
le fait qu’une telle expression existe n’est pas anodin car elle participe au
fonctionnement du système et au « conditionnement » de ceux qui
l’alimentent ou disons plutôt qui doivent l’alimenter.
L’angoisse
c’est la mort, cette inconnue face à laquelle la fragilité de la vie nous
pousse à nous dire je dois
« accomplir » quelque chose, certains disent laisser une trace, car,
non ce n’est pas possible, la vie doit bien avoir un sens.
Et bien
peut-être pas.
Peut-être
qu’il faut juste en profiter, là où vous vous acharnez à accumuler des biens,
où vous passer le précieux temps de votre existence que vous monnayer à
construire une carrière, se faire une place car après tout, comme dit le
proverbe, la mort est la raison finale de tout.
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